La véritable fin

ATTENTION : cette section dévoile des informations sur toute l'histoire de Laece.

Avant que ne naisse la suite de l'histoire de Laece suivant la quête de Naxila, une fin "cachée" était prévue. Peut-être contient-elle des indices pour une éventuelle suite, peut-être pas. A vous d'en juger !


C’était un monde que l’on ne peut imaginer, un lieu que l’on ne peut trouver.

Une planète, un satellite, presque une comète. Un astre bien léger au milieu de l’immensité spatiale. D’aucuns l’auraient nommé un caillou, mais avez-vous déjà vu faune et flore sur un rocher stérile ? Ici, l’herbe poussait partout, parsemée de grands arbres et de petits arbustes, de buissons et de fleurs, de légers cours d’eau. Chaque être s’y serait senti chez lui, et n’aurait pu trouver plus bel espace, aussi longues fussent ses recherches. Il n’aurait pas pu, également, découvrir si étrange mélange animalier. Des prédateurs jouaient avec ceux qui avaient été leurs proies, les insectes discutaient avec les géants, les carnivores ne chassaient plus. C’était un havre de paix, de beauté et de tranquillité pareil à rien. Mais contrairement aux magnificences de la nature, ce lieu ci n’avait rien de naturel.

Tout, de la composition du sol à la taille du moindre brin d’herbe, et même la densité de l’air, avait été décidé sciemment. Si les chasseurs n’en étaient plus, c’était un choix motivé, et si les plus petites vies avaient autant d’importance que les plus longues, il y avait une raison. Comment aurait-il pu en être autrement ?

Beaucoup de choix avaient été possibles, et sans parler cette fois de ce morceau de paradis dérivant dans les univers. Celui-ci avait été retenu, et sans regret jusqu’alors, ou presque. Il y avait eu des temps difficiles, bien sûr, mais rien n’est aisé. D’autant plus lorsque la seule limite de votre vie est l’éternité.

Il n’avait pas été si difficile d’être indifférent et objectif quant à l’évolution de la vie, des mondes, des groupes. Cela avait demandé une petite période d’isolement, qui ne connaitrait finalement aucun terme. L’équilibre était maintenu, et les existences suivaient leurs chemins. Lui serait un homme bon, dévoué, et lui serait malhonnête. Elle aurait une grande famille qu’elle délaisserait ; elle, seule, se battrait pour tous les autres. Les règles établies ne sauraient être modifiées sans destruction préalable, et il ne tolèrerait pas de voir disparaître tout cela. Pas après tout cela.

Il s’était répété longtemps les mêmes choses avant de parvenir à les penser, à les vivre, à les être…

« Je ne suis plus Laece Ryef. J’ai donné ma vie pour sauver l’univers, et il m’incombe, après tous ces efforts, d’accepter la responsabilité qui est la mienne. J’aurais pu choisir de vivre comme n’importe qui et de laisser tout cela continuer sans encadrement, mais je dois me détacher de ce qui me retient à cette courte et inutile vie. Je vais devenir le sénéchal intemporel de tous les univers, de toute cette dimension, de ce plan d’existence intégral. Je vais côtoyer les créateurs de toute chose, et œuvrer à leurs côtés pour que tout se passe bien. »

Et pourtant, il n’avait rien oublié. Il avait pris la chose à la légère à ses débuts, et continuait à observer ceux qu’il aimait, mais lorsque sa femme, puis ses enfants, puis leurs enfants ne furent plus, il comprit que tout ce qui pouvait l’attacher à une trop simple existence était éphémère. Il partit, prêt pour l’éternité de solitude qui l’attendait. Finalement, il pensait encore que la seule qui avait compris qu’il avait atteint un niveau de vie supérieur était Naxila, à l’écoute du murmure des vents qu’il faisait alors encore souffler.

Quelle ironie, voir son propre enterrement ! Et finalement, il n’était toujours pas mort, car, dans tous les mondes libres, des millénaires après sa supposée mort, son souvenir vivait encore. Et cela était une récompense amplement suffisante pour son nouveau travail.