J'ai froid


Texte préparatoire dans le cadre d'un projet qui a été abandonné par la suite.

 

J’ai… J’ai froid. Non pas que le temps soit assassin, au contraire, il est bien plus que clément. Non, c’est un froid différent. Une douloureuse bise qui souffle dans la poitrine, un gel qui prend à la gorge et se répand, insidieusement, paralysant tout le corps, tout le cœur. J’ai froid, de ce froid là. Celui qui vous arrête, vous laisse cloué sur place, tout juste capable de le comprendre, de l’envisager – mais il est déjà là. Violent. Sans pitié. Il n’y a plus de flamme au fond de moi alors, il n’y a plus de lueur dans mes yeux, juste les larmes incapables de sortir et le vide infini. Et, là, on n’y peut plus rien, il est trop tard, ce n’est pas une chose que l’on combat comme une simple maladie. C’est un poison physique, un supplice d’esprit. J’ai froid, je suis engourdi. Je ne sens remonter aucune chaleur, juste l’amplitude de la douleur qui profite de l’occasion pour frapper. C’est une bulle qui m’enveloppe, m’empêche de vivre, d’être, me prive de ma nature. Je ne suis plus qu’une chose, inerte, seule.

 

J’ai froid.