Koblan


Koblan est le nom actuel du personnage principal d'un projet à part : un roman graphique. Se situant dans un futur hypothétique et post-apocalyptique, l'intrigue suit Frederik Koblan, inspecteur dans une des rares villes reconstruites, alors qu'un tueur en série extraordinairement froid et précis fait son apparition. D'incompréhension en surprises, l'homme est amené à se souvenir de son passé de vagabond et à se questionner sur les origines de ce qui a pratiquement annihilé toute civilisation. D'abord un thriller, l'histoire évolue vers un aspect plus 'action' et futuriste alors que les éléments se dévoilent petit à petit. Le tout serait illustré par des dessins réguliers qui viendraient étoffer les mots par des représentations des éléments percutants.

Le projet étant à quatre mains, il est difficile d'avancer puisqu'il faut faire concorder les emplois du temps de chacun, et l'idée est pour l'instant en pause. Les premières pages sont toutefois écrites :

 

Derrière moi, la ruelle s’éloignait petit à petit, dans le calme et le froid d’une nuit des plus tranquilles. Peut être aurais-je dû regarder derrière moi, surveiller si personne ne me suivait, si personne n’avait vu. Mais j’avais vérifié, plusieurs fois, et il n’y avait âme qui vivait dans le secteur. Du moins, il n’y avait plus personne de vivant. Mon manteau n’avait pas été sali, et mes gants semblaient toujours immaculés. Je n’étais pas idiot, ni imprudent : je n’avais laissé aucune trace derrière moi, aucune trace sur moi. Le corps gisait, incapable de désigner son agresseur, au fond de cette rue aussi noire que le cuir que je portais. Nul ne pourrait, jamais, identifier qui avait mis un terme à l’existence de cet homme insignifiant. La loi du plus fort se devait d’être respectée : le faible meurt, le fort survit. Il était mort, j’avais survécu. La sélection naturelle s’était toujours faite ainsi ! Je n’étais pas insignifiant, et je ne le serais pas. Cette nuit, j’avais tué.

 

Combien de fois cette pulsion atteint chacun de nous ? Tuer, retirer la vie, éliminer, neutraliser, massacrer, assassiner. Tant de manière de ne désigner qu’une seule et même chose, que tous désirent bien des fois dans leur vie. Et, sans trembler, j’avais dépassé le stade du fantasme. Précis, sûr de moi, j’avais opéré. A notre époque, de nombreuses personnes devenaient des meurtriers en un instant, mais rarement de sang froid. On voyait plus souvent des gens tuer pour se protéger, pour voler de quoi survivre, pour une raison. Ce n’était pas mon cas. J’avais arraché à cette homme ses espoirs, ses rêves, ses projets, ses peurs, ses habitudes. Sa vie. Ce que l’on entend par les meurtriers sur leurs semblables était effrayant : on ne dort plus, on culpabilise, on n’oublie pas. Pourtant, je ne pouvais me souvenir du visage de ma victime. L’avoir assassiné ne provoquait rien en moi. Une voix en mon être m’avait dit de le faire, et je m’étais exécuté. Aucun regret, aucun remord, aucune question. Juste la mort par ma main. A chacun de mes pas, ma mémoire se séparait de lui. Ma main qui se lève ? Oubliée. Son corps qui s’effondre ? Effacé.

 

Mais malgré cela, au fond de moi, j’étais le Tueur.