ApocaLeepse


ApocaLeepse est un projet de roman post-apocalyptique. Il raconte l'histoire de Lee, étudiant commun sans histoire, qui se fait agresser à l'occasion d'un retour chez ses parents. L'incident tourne mal, et sa vie lui échappe ; pourtant, la Faucheuse, agacée, décide de ne plus prendre de vie. Le monde tombe alors dans le chaos petit à petit à mesure que les humains, incapables de mourir, redeviennent guidés par leurs instincts les plus primaires. Entre découverte de soi, compréhension de la valeur de la vie et de la nécessité de la mort, Lee va traverser un monde en pleine destruction pour se redéfinir et appréhender sa véritable destinée.

 

Voici les premières pages actuelles :

 

« Je suis rentré ! »

 

Comme tous les jours depuis maintenant plusieurs semaines, ces mots sortaient de ma bouche aussitôt que la porte était close. Je savais bien que nul ne répondrait malgré une présence en face de l'ordinateur, que je connaissais à la perfection. Respectant son habitude, elle ne dit mot tandis que je retirais mon manteau et mes chaussures, et ne se retourna qu'au moment où elle reconnut le bruit typique de mes pas sur les lames du parquet clair et propre. Ses cheveux d'un blond foncé reflétaient la lumière du soleil dont la pièce était emplie, et ses yeux brillaient d'une étincelle qui, elle le savait, me faisait perdre tout repère. Semblable à un félin, elle s'avança à pas de velours vers moi, glissant plus que marchant, jusqu'à ce que ses bras se posent sur mes épaules, que ses lèvres se posent sur les miennes. Bienvenue à la maison, me disait-elle ainsi – du moins, c'est de cette manière que je l'interprétais !

 

« Comment c'était, aujourd'hui ?, fit-elle finalement.

 

- Rien de bien particulier, une journée banale chez les lecteurs. Et toi, il s'est passé quelque chose ?

 

- Oh, des cours quoi, et je te passe les ragots de la fac. Ah, si, ta mère a appelé.

 

- Qu'est ce qu'elle voulait ? Elle sait que je rentre à cette heure là.

 

- T'imagines bien, la même chose que d'habitude ! « Oui Chloé, il serait temps qu'on se rencontre, tu ne penses pas ? Essaie de le convaincre, il t'écoutera peut-être toi... »

 

- Elle exagère, elle sait bien que ça n'a rien à voir avec elle.

 

- Mais elle a pas tort. Ca fait huit mois qu'on est ensemble, un peu plus de deux qu'on vit ensemble, et j'ai encore jamais vu tes parents... On n'a rien de prévu ce week-end, si ?

 

- Vous arrêterez donc pas tant que la fameuse rencontre n'aura pas eu lieu, hein ? Très bien, donne-moi le téléphone, je vais lui annoncer l'heureuse nouvelle ! A tes risques et périls, conclus-je sur une note d'humour. »

 

Un coup de fil plus tard, ce fut cette fois l'eau chaude et agréable d'une longue douche qui m'enlaça. Le reflet du miroir me donnait toujours envie d'évaluer ma vie, comme pour jauger ce que valait cet être que je voyais alors. Tout d'abord, je n'avais pas à me plaindre de mon physique : je n'étais pas un géant, mais bien assez grand à mon goût, et ma silhouette svelte me convenait parfaitement. J'aurais aimé être plus musclé, avoir les épaules plus carrées, le cou moins long, et sûrement que ma pilosité se calme, mais finalement ce n'étaient que des détails insignifiants : j'étais bien dans ma peau mate. Pour couronner le tout, mon visage inoubliable, et pas pour les bonnes raisons. Non pas que mes cheveux étaient absents ou verts, ou que j'étais tatoué ! Je représentais la simplicité avec mes cheveux noirs et courts, et mes yeux bruns en amande. Non, si l'on se souvenait de ma face, c'était à cause d'une trop grande balafre au niveau de mon œil gauche, due à un accident dans mon enfance, qui, heureusement, n'avait laissé aucune autre séquelle que la cicatrice. Et même si Chloé lui trouvait un côté « viril et sexy », j'aurais préféré ne pas la porter. Au final, vérification du physique satisfaisante ! Pour le reste, j'étais tout aussi gâté. Etudiant en troisième année dans le cinéma avec un petit travail dans une librairie pour arrondir les fins de mois, que demander de plus ? Un grand appartement plutôt confortable, et une superbe petite amie. Comme tous les jours, l'examen du reflet était positif. Félicitations, Lee !

 

 

 

Je choisis mes vêtements avec plus d'attention qu'à mon habitude, sélectionnant un long jean noir et un t-shirt rouge que mes parents m'avaient offert sur les conseils de mes frères, mettant également de côté ma trop longue veste noire à capuche. Je savais qu'ainsi vêtu, mes parents ne feraient aucune remarque sur un potentiel laisser aller. Car si ma compagne avait parlé du week-end, j'avais bien compris qu'étant vendredi soir, elle voulait dire qu'on devait partir immédiatement, et c'est ce que ma mère avait réclamé au téléphone. Devant l'armoire, Chloé semblait bien moins sûre que moi quant à sa garde robe :

 

« Je devrais mettre quoi à ton avis ? Je veux pas faire mauvaise impression !

 

- Sois naturelle, prends quelque chose où tu te sens bien.

 

- Lee, c'est la première fois que je vois ta famille, je peux bien faire un petit effort tu crois pas ? Alors, la jupe rouge ou le slim que j'ai acheté la semaine dernière ?

 

- Très bien, très bien. Le slim, une jupe la première fois ça risque de paraître trop osé. Pas de décolleté ou de transparence. Ton chemisier bleu serait pas mal, non ? Ça s'accorde bien au slim je trouve.

 

- Tu crois ?

 

- Bien sûr que non, on n’est plus dans les années 30, tu portes ce que tu veux tu sais !

 

- Ha, ha, ha. Bon, allons pour le chemisier. Et il faut encore que je prépare mes affaires ! Tu devrais faire ton sac, on gagnerait du temps...

 

- Calme toi, ça va bien se passer. Je m'occupe des affaires, dis-moi juste quoi te prendre. »

 

Tandis qu'elle enfilait ses vêtements, se lissait les cheveux et se maquillait, je remplissais nos deux grands sacs selon ce qu'elle m'indiquait et ce dont nous avions besoin d'après moi. Seulement une bonne demie heure plus tard, nous quittions l'appartement et la ville. Au volant de ma petite voiture d'étudiant, soit presque un pot de yaourt avec des roues, j'essayais d'imaginer à quoi ressembleraient les heures qui allaient suivre. D'abord, il fallait arriver sur place, probablement pas avant le début de soirée. Et ensuite, quoi ? Non pas que je n'avais pas confiance en mes parents, mais j'appréhendais. Notre relation avait beau être neuve, j'y plaçais tout de même de grands espoirs, et je ne voulais pas qu'un mauvais week-end familial vienne troubler cette petite idylle.